Texte de prédication
11 Je suis le bon berger. Le berger sacrifie sa propre vie pour ses brebis, il est prêt à mourir pour les sauver. 12 Tandis que celui qui n’est pas le vrai berger, et à qui les brebis n’appartiennent pas, mais qui les garde seulement pour de l’argent, celui-là se sauve. Dès qu’il voit venir le loup, il abandonne les brebis. Alors le loup se précipite sur elles, il s’empare de quelques-unes et disperse le troupeau. 13 Si cet homme agit ainsi, c’est qu’il fait ce métier pour de l’argent et que les brebis ne l’intéressent pas.
14 Moi, je suis le bon berger, je connais ceux qui m’appartiennent et tous ceux qui sont miens me connaissent, 15 comme le Père me connaît et que je connais le Père. Je sacrifie ma vie pour mes brebis.16 J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos. Celles-là aussi, il faut que je les amène et que je les conduise. Elles entendront mon appel et obéiront à ma voix. Ainsi, il n’y aura plus qu’un seul troupeau uni sous un seul berger….
27 Mes brebis obéissent à ma voix, je les connais et elles me suivent. 28 Je leur donne la vie éternelle : jamais, dans toute l’éternité, elles ne seront perdues et personne ne pourra les arracher de ma main. 29 Mon Père qui me les a données est plus puissant que tous, et personne ne peut arracher qui que ce soit de la main de mon Père. 30 Or, moi et le Père, nous ne faisons qu’un.
Jean 10 v11-16 + 27-30
Je suis le bon berger. Mes brebis écoutent ma voix. Je les connais et elles me suivent. Et je leur donne la vie éternelle.
Ces quelques mots qui composent le mot d’ordre pour cette semaine, révèlent la manière dont Dieu nous voit et le projet qu’il a pour nous. La parabole du bon berger illustre l’importance, la nécessité d’entrer dans une relation personnelle avec Jésus. Le cadre est défini avec précision, la place de Jésus est celle d’un berger, la nôtre celle d’une brebis.
Est-ce que cette configuration colle avec la vision que nous avons de nous-mêmes ? Qu’en pensez-vous ? Je verrai plutôt quelque chose du genre : moi une brebis ? C’est une blague ! Je préfère nettement l’image du loup, ça a plus d’allure. Un loup c’est fort, fier, autonome, ça sait nourrir et se défendre tout seul. Une brebis cependant, c’est l’image même de la faiblesse, de la fragilité, de la dépendance. C’est craintif et soumis. C’est bien simple, une brebis isolée du troupeau est perdue, incapable de se nourrir, en proie à la peur et en grand danger de finir sous les dents d’un loup, justement !
Et puis ce qui dérange c’est qu’une brebis appartient à quelqu’un, elle n’est pas maître de sa vie. Moi je suis un loup, je n’ai de comptes à rendre à personne, je n’ai besoin de personne pour me dire où aller, quand manger et quand faire ceci ou cela. C’est libre un loup, ça ne s’enferme pas tous les soirs dans une bergerie malodorante. Voilà résumée à grands traits ce qu’est en général l’attitude de nous autres humains : le désir d’autonomie, d’indépendance, le besoin d’être seul maître à bord.
Pourtant nous devons nous rendre à l’évidence, Dieu nous dit tout à fait autre chose : « tu es ma brebis, c’est ainsi que je t’ai créée. J’ai prévu que tu vives dans ma proximité. Oui je t’ai voulue dépendante, parce que personne ne sait prendre soin de toi aussi bien que moi. Je te connais, je sais tout de tes besoins profonds et si tu le veux je viens à toi pour y répondre.
Tu rêves d’être un loup, je le vois bien, et combien je le regrette parce que cela t’éloigne de moi. Car la réalité est celle-ci : c’est en tant que brebis que tu peux bénéficier de mon amour, pas en tant que loup. Mes brebis se tiennent à mes côtés, en sécurité. Un loup a l’air fort, mais s’il tombe malade ou s’il se blesse, personne ne prend soin de lui. Il meurt seul comme il a vécu ! »
Il est temps de revenir à nos moutons et de nous demander pourquoi Jésus veut être notre berger. Car la vraie question c’est « que veut-il de moi ? ». Commençons d’abord par lever un malentendu, Jésus ne vient pas pour nous tondre. Il n’est pas ce genre de berger. Ce qu’il attend de nous n’est pas un fardeau sur nos épaules, il ne nous enlève rien, ne nous diminue pas, ne nous empêche pas de vivre. Non Jésus n’est pas un rabat-joie.
De même pour la Bible. Elle n’est pas un recueil de contraintes insupportables, impossible à mettre en pratique et totalement désuètes. C’est un livre ancien, oui, pourtant il reste le livre le plus vendu au monde chaque année. Pourquoi ? Peut-être parce que la Bible offre à ceux qui s’en approchent une rencontre avec Dieu lui-même. Voyez-vous, dans ces instants où nous la lisons, dans la tranquillité du matin ou dans le calme de la fin du jour, nous sommes en tête-à-tête avec Jésus. C’est le seul endroit où il nous parle lorsque nous écoutons. On retire de cette expérience un tel apaisement, avec la certitude profonde d’être entendus, d’être entourés, d’être aimés. Alors on y revient parce que ça fait du bien.
Maintenant que ce point est éclairci, oui Jésus veut être pour nous un berger, parce que c’est ce qu’il est. Mais le berger de quoi au fait ? Eh bien de nos âmes, avant toute autre chose. Car Jésus évolue dans une perspective éternelle. Or il se trouve que notre âme est la seule partie de nous qui subsistera jusque dans l’éternité. Notre corps n’est que poussière, chacun le sait ! Certes le corps est important et ne dois être ni méprisé ni négligé, mais à chaque chose sa priorité. Paul écrivait la chose suivante dans sa première lettre aux Thessaloniciens :
« que tout votre être, l’esprit, l’âme et le corps, soit conservé irréprochable, lors de l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ ! »
L’esprit, l’âme et le corps sont cités dans cet ordre-là. C’est la bonne perspective. Cela signifie que si notre esprit joui de la présence de Christ, alors notre âme s’apaise, elle trouve l’équilibre dans l’expression de ses facultés que sont l’intelligence, la réflexion, la volonté. Même nos émotions sont alors à leur juste place et le corps devient le véhicule de cette harmonie intérieure que Dieu déploie en nous par sa présence, et cela se verra dans notre rapport aux autres.
Voyons un instant comment cela opère
Le berger mène ses brebis vers les verts pâturages et vers les cours d’eau fraîche pour qu’elles se nourrissent et s’abreuvent. C’est sa responsabilité de leur fournir ce dont elles ont besoin pour grandir et être en bonne santé. Le berger les conduit au bon endroit, ensuite les brebis mangent et boivent librement selon leurs besoins.
Le projet de Dieu pour nous est du même ordre. Pourvoir à notre nourriture et abreuver notre âme pour que notre vie intérieure s’épanouisse et se fortifie. Alors notre âme trouve l’apaisement dans la confiance que Dieu est là. Nous attendons souvent de Dieu qu’il nous bénisse, qu’il réponde à nos besoins, qu’il nous garde de tout mal, qu’il nous sauve de tout péril. C’est tellement humain de croire qu’il nous doit tout cela puisqu’il est le Tout-Puissant ! Cela révèle une chose, c’est que nos attentes se cantonnent souvent à ce qui se voit, et nous oublions que Dieu veut d’abord le salut éternel de notre âme. Il veut notre progression dans la connaissance de qui il est parce que c’est la plus grande richesse. Il nous veut près de lui dès maintenant pour que nous le soyons aussi dans l’éternité.
Alors c’est vrai, Dieu ne nous préserve pas de toutes les souffrances, parce qu’elles sont aussi un moyen pour nous rappeler notre dépendance, notre fragilité, notre besoin d’un plus grand que nous. Elles sont un chemin qui nous rapproche de Dieu. À ce stade elles peuvent nous être bénéfiques lorsqu’elles nous conduisent dans un abandon envers Dieu. Tout chemin comporte sa part de difficultés, sa part de cailloux qui blessent. C’est inévitable et nous le savons bien. Mais dans tout ce que nous sommes amenés à traverser dans notre vie il veut être là, il souhaite nous accompagner et nous apporter son soutien et sa consolation. Nous ne sommes seuls que si nous lui tournons le dos.
Durant notre vie ici-bas nous sommes en chemin. Dans notre marche nous pouvons apprendre à l’écouter pour le connaître et lui faire confiance. Une confiance telle qu’elle nous fait entrer dans le repos nous dit la Bible. Car celui qui reconnaît en Jésus le bon berger, celui-là se sait entre de bonnes mains, même s’il arrive au terme de son voyage, et il trouve l’apaisement de l’âme. Ce qui subsistera de nous, la part qui ne nous sera jamais ôtée, c’est le lien que nous aurons cultivé avec notre Sauveur. « Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu, cherchez les choses d’en haut, faites-vous un trésor dans le ciel » nous dit Jésus.
Alors où trouver ce berger me direz-vous ? Comment entrer dans une relation d’intimité avec lui ? Cherchons-le là où il se trouve, dans sa parole qu’il nous a laissée. Nous sommes des brebis rappelez-vous. Jésus souhaite nous conduire vers le lieu où pousse l’herbe fraîche de sa parole et où coule l’eau fraîche de sa présence. Pour cela nous devons l’écouter, en nous familiarisant avec sa parole. La brebis a appris à connaître la voix de son berger et elle ne suivra jamais la voix d’un étranger. Donc elle ne se trompe jamais de chemin parce qu’elle vit constamment dans la proximité du berger.
Maintenant une remarque de bon sens s’impose. Jésus il met la nourriture à notre disposition mais il ne nourrira personne contre son gré, nous sommes des brebis, pas des oies qu’on gave. Si je ne mange pas, ma vie dépérit et mon corps tombe malade et meurt. Pour mon âme c’est pareil. J’ai une Bible à la maison, j’ai le choix de m’en servir ou de la laisser prendre la poussière sur une étagère. Si je veux nourrir mon âme, à moi de prendre le temps d’aller vers cette parole que le Seigneur nous a laissée, de la mâcher, de la méditer quelques instants chaque jour pour qu’elle devienne la nourriture de mon âme. C’est tellement vital ! Nous nourrissons notre corps 3 fois par jour, ce corps qui est pourtant destiné à disparaître, et nous négligeons de nourrir notre âme destinée à une vie éternelle ! C’est insensé non ?
Notre esprit est comme un estomac, avec l’aide du Saint-Esprit il digère ce que nous lisons. Sous son action la Parole de Dieu se transforme en nourriture pour notre âme. Cette proximité est source de paix intérieure. Mais la décision me revient de donner ou non à la présence de Jésus la priorité qu’elle mérite. Jésus veut être le berger de nos vies. Le livre de l’Apocalypse nous rappelle ces paroles du Christ :
« Voici, je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi. » – Apoc. 3 v20.
Que cette parole, qui a la forme d’une promesse, d’une invitation, nous accompagne tout au long de la semaine à venir.
Patrice Willm, prédicateur laïc
Mittelbergheim le 23 avril 2023
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Dans le texte : David Mark / Pixabay.com – Patrice Willm