Une prédication sur la prière

Est-ce que vous priez ?

23 En vérité, en vérité, je vous le dis, [tout] ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera.24 Jusqu’à présent, vous n’avez rien demandé en mon nom. Demandez et vous recevrez, afin que votre joie soit complète. Jean 16, v. 23b à 24

Est-ce que vous priez ?
Et que priez vous ? Est-ce que dans votre prière vous formulez des demandes ? Des regrets ? Des peurs ? Des actions de grâce ?

Lorsque les hommes prient Dieu, c’est souvent pour demander son aide, sa protection, son secours, son appui, mais aussi pour dire merci, pour lui rendre grâce, lui rendre gloire, pour demander pardon ou confesser sa foi en lui.

Nous prions parce que nous croyons en Dieu, et en son pouvoir. Nous le croyons capable d’intervenir en notre faveur, capable de nous pardonner, capable de nous faire du bien et même de nous guérir. Prier est un acte de foi, un témoignage de la confiance que nous plaçons en Dieu. Et nous croyons qu’il entend toutes nos prières, et qu’il y répond.

Bien des chrétiens témoignent des réponses qu’ils ont obtenues à leurs prières, du secours qu’ils ont reçu, de l’aide qui est arrivée, des forces qui sont revenues, de la guérison qui s’est opérée. Et ces témoignages, accompagnés des nombreux récits bibliques qui attestent de la puissance de la prière, doivent nous encourager à adresser nos prières à Dieu, dans la foi, dans la confiance.

Pourtant, bien des prières sont aussi restées sans réponse, en tous cas sans la réponse que nous attendions… Combien de maladies n’ont pas été guéries, combien de fois le secours imploré ne s’est pas présenté, combien de fois sommes-nous restés seuls, enfermés dans le silence, alors que nous avions tant besoin de cette réponse… Et toujours revient cette obsédante question : pourquoi ?…

Dans ce très beau témoignage de l’évangile de Jean, Jésus dit « ce que vous demanderez au Père, il vous le donnera en mon nom, (…) demandez et vous recevrez ». Ce verset entretient pour nous, croyants, l’idée que Dieu exauce les prières de ceux qui s’adressent à lui dans la foi.

Mais avant de croire que Dieu nous accorde tout ce que nous lui demandons, peut-être faut-il nous interroger sur le sens que nous donnons à notre prière. Lorsque Jésus a guéri des malades ou des infirmes, bien souvent il a recommandé à ses disciples de n’en parler à personne. J’y vois un signe que Jésus ne souhaitait pas que notre foi s’attache aux miracles, parce que la prière n’est pas un acte magique, où le croyant demande et Dieu exauce.

Prier, c’est d’abord dire à Dieu : « j’ai confiance en toi », et apprendre à faire nôtre cette prière de Jésus lui-même qui, au plus profond de sa souffrance disait à Dieu : « que ta volonté soit faite, et non la mienne ». Est-ce qu’au contraire, nous ne demandons pas souvent à Dieu que notre volonté soit faite ?

En formulant ainsi notre prière, « que ta volonté soit faite », nous nous préparons aussi à ce que la réponse à notre prière ne soit pas celle que nous attendons, parce que Dieu voit bien au-delà de ce que nous voyons.

C’est vrai, quelque fois nous ne comprenons pas pourquoi Dieu ne répond pas à nos prières. Mais dans nos moments de doute ou de découragement, que ces paroles de Jésus puissent résonner dans nos cœurs comme autant de paroles d’espoir : « demandez, et vous recevrez. »

En attendant le jour où nous aurons la réponse à toutes nos questions, le jour où, comme dit le Christ, nous ne l’interrogerons plus sur rien, sachons ouvrir les yeux et discerner qu’il y a bel et bien des prières qui sont exaucées, il y a des signes, aujourd’hui, dans notre monde, que notre foi n’est pas vaine et que Dieu répond aux prières de ses enfants. Ce sont autant de lueurs d’espérance qui nous montrent que nous avons raison de croire et de prier. Qui nous rappellent que les promesses de Dieu ne sont pas encore toutes accomplies, mais que devant nous, il y a la vie. C’est cette espérance qui doit nourrir notre prière, c’est elle qui peut nous donner cette paix que le Christ a promis, c’est elle qui donne à notre cœur cette joie que personne ne peut nous enlever.

C’est cette espérance aussi qui peut donner à notre prière toutes ses dimensions, toutes ses largeurs et toutes ses profondeurs. La prière, en effet, n’est pas que demande ou appel au secours. Elle n’est pas tournée que vers nous-mêmes, mais nous prions aussi pour les autres, pour tous ceux qui ont besoin que l’on prie pour eux. Et ainsi nous sommes confiants que d’autres prient aussi pour nous.

Un père observe son petit garçon qui cherche à déplacer un pot de fleurs très lourd. Le petit se fatigue, râle et fait la grimace mais ne réussit pas à bouger le pot d’un seul millimètre.
Alors le papa lui demande : « as-tu vraiment utilisé toutes tes forces ? »
« Oui » répond l’enfant.
« Non ! reprit le papa, car tu n’as pas demandé mon aide ! »

Prier, c’est une manière d’utiliser toutes nos forces !

La prière, comme nos cultes, nous sont offerts pour prendre du temps devant Dieu et nous poser devant Lui : prendre la mesure de notre existence, être là gratuitement et Le laisser se charger de ce qui est trop lourd pour nous. Ne comptons pas sur nos seules forces car nous le savons : elles finissent par s’épuiser !!
Prier, c’est chercher des forces ailleurs qu’en nous-mêmes.

Enfin, ne négligeons pas les effets de la prière, qui ne se limitent pas à ses « résultats », au fait d’avoir été exaucé ou non.

Une expérience a été réalisée sur plusieurs centaines de personnes, réparties en trois groupes, chargés pendant 10 semaines de tenir le journal de leurs expériences quotidiennes :

  • le premier groupe sans consigne particulière
  • le second les expériences désagréables
  • le 3e les événements pour lesquels ils pouvaient être reconnaissants

Au bout de 10 semaines, des résultats étonnants ont pu être observés : le 3e groupe présentait l’état général le plus positif, enthousiaste au quotidien et optimiste sur l’avenir. Ils avaient globalement moins de soucis de santé, prenaient davantage soin d’eux (notamment à travers des activités sportives), on constatait une baisse du niveau de stress, une meilleure qualité du sommeil, une plus grande détermination, des performances accrues, une chute du risque de dépression.
Pas de recette miracle derrière cette expérience, mais simplement la constatation que plus nous sommes attentifs à ce qui est bon pour nous, dans notre vie, dans les expériences quotidiennes que nous faisons, plus nous nous donnons une chance de nous ouvrir au bonheur.

Pour dire merci quand il s’agit de Dieu, on dit « rendre grâce ». Il est donc question de « grâce », de quelque chose de gratuit, et de « rendre » c’est-à-dire de donner plus loin ce qu’on a reçu. Rendre grâce nous ouvre aux autres. Et ainsi, prier nous rend meilleurs.

Enfin, pour toucher à cette paix, à cette joie que Jésus promet à celui qui se tourne vers Dieu, il faut  sans doute aussi, dans notre prière, faire de la place au silence, pour que nous puissions entendre, nous aussi, la prière de Dieu.
En effet, la prière, c’est aussi se mettre à l’écoute de Dieu. Faire silence en nous, au milieu du vacarme de nos pensées, de nos attentes, de nos questions et de nos exigences, pour entendre la voix de Dieu qui murmure à notre oreille : tu es mon enfant, je veille sur toi, je t’aime, rien ne peut venir à bout de cet amour.

Puissions-nous faire taire en nous toute autre voix, pour entendre ce murmure divin, et recevoir ainsi la paix et la joie promises.

Anne-Sophie Hahn, dimanche 23 mai 2022

Autres textes bibliques de références :

1En tout premier lieu, je recommande que l’on adresse à Dieu des demandes, des prières, des supplications et des remerciements pour tous les êtres humains.
2Il faut prier pour les rois et tous ceux qui détiennent l’autorité, afin que nous puissions mener une vie tranquille, paisible, respectable, dans un parfait attachement à Dieu.
3Voilà ce qui est bon et agréable à Dieu notre Sauveur, 
4qui veut que tous les humains soient sauvés et parviennent à connaître la vérité. 
5Car il y a un seul Dieu, et un seul intermédiaire entre Dieu et l’humanité, l’homme Jésus-Christ 
6qui s’est donné lui-même comme rançon pour la libération de tous. Il a apporté ainsi, au temps fixé, la preuve que Dieu veut que tous les humains soient sauvés. 1 Timothée 2, v. 1-6a : prier pour tous les hommes

5 Jésus leur dit encore : « Supposons ceci : l’un d’entre vous a un ami qu’il va trouver chez lui en pleine nuit pour lui dire : “Mon ami, prête-moi trois pains. 
6 Un de mes amis qui est en voyage vient d’arriver chez moi et je n’ai rien à lui offrir.” 
7 Et supposons que l’autre lui réponde de l’intérieur de la maison : “Laisse-moi tranquille ! La porte est déjà fermée à clé, mes enfants et moi nous sommes au lit ; je ne peux pas me lever pour te donner des pains.”
 8 Eh bien, je vous l’affirme, même s’il ne se lève pas par amitié pour les lui donner, il se lèvera pourtant et lui donnera tout ce dont il a besoin parce que son ami insiste sans se gêner. 
9 Et moi, je vous dis : demandez et vous recevrez ; cherchez et vous trouverez ; frappez et l’on vous ouvrira la porte. 
10 Car celui qui demande reçoit, qui cherche trouve et l’on ouvre la porte à qui frappe. » Luc 11, v. 5-10

Illustrations : page d’accueil © reenablack / Pixabay.com – page de texte : © Patrice Willm